Chapitre 3 : La technologie de la télévision

21 juillet 2013. Publié par Benoît Labourdette.
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Le concept de la télé-vision

L’ambition de la « télé-vision » au départ, comme son nom l’indique, était de pouvoir transmettre des images animées à distance, faire du « direct », ce que le cinéma ne permet pas, car il faut développer la pellicule.

Mais comment faire, au début du 20è Siècle ?

L’idée, si on la schématise, est assez simple : on forme une image sur une surface, comme on sait le faire depuis bien longtemps, au moyen d’une simple chambre noire. Puis, à l’arrière de cette chambre noire, au lieu de placer, comme pour la photographie et le cinéma, une pellicule garnie de produits photosensibles (qui vont réagir, et noircir plus ou moins en fonction de la quantité de lumière reçue, ce qui permet d’enregistrer la trace de l’image qui a été projetée sur cette surface), on va placer un minuscule « capteur » (une cellule photo-électrique), qui va balayer, de gauche à droite et de haut en bas, l’ensemble de l’image. La lumière reçue par ce « capteur » est variable en fonction des zones de l’images, bien-sûr. En fonction de la quantité de lumière reçue, la cellule photo-électrique produit un courant électrique plus ou moins fort. Ce courant électrique est transporté par un fil électrique. A l’autre bout du fil, imaginons une toute petite ampoule électrique, qui fait le même mouvement que la cellule d’origine, mais devant un écran fluorescent. En fonction de la quantité de courant électrique que l’ampoule reçoit, elle s’allume plus ou moins. Donc, elle reconstitue l’image sur l’écran fluorescent, ligne après ligne (cette explication est très schématique, pour faire comprendre le principe de fonctionnement).

En télévision (ou vidéo), donc, il n’y a pas d’images matérielles comme au cinéma, mais un mouvement de balayage et un enregistrement de la variation lumineuse pendant le balayage. Cette variation, reproduite avec le même balayage, permet de recomposer l’image.

Pour que la télévision fonctionne, il faut bien-sûr que le mouvement de balayage de la prise de vue et celui de la reproduction soient exactement synchronisés, c’est à dire que les lignes soient parcourues au même instant de part et d’autre, sinon cela donnerait n’importe quoi visuellement.

L’invention de la télévision

A l’époque où la télévision a été inventée, il n’existait pas encore d’horloges à quartz et de systèmes de synchronisation électroniques. Comment faire, donc, à l’époque, pour synchroniser tout le monde, l’émetteur et les récepteurs chez les gens ?

Il se trouve que le courant électrique est alternatif (en France, il change de sens 50 fois par seconde, on dit qu’il a une fréquence de 50 hertz), et géré de façon nationale, car il est produit par des dynamos rotatives (comme des dynamos de vélo). La solution a été donc de « caler » tout le système de télévision sur le courant alternatif. Voilà pourquoi la télévision, en Europe, est à 25 images par seconde et non 24 images par seconde comme le cinéma, car 25 est la moitié de 50, ce qui était facile à mettre en place en se calant sur la fréquence du courant.

Aux États Unis et au Japon, pour diverses raisons historiques et industrielles, le courant électrique a toujours eu une fréquence de 60 hertz. Voilà pourquoi la télévision dans ces deux pays est à 30 images par seconde (système NTSC) et non à 25 images par seconde comme en Europe (systèmes PAL et SECAM).

Le poids de l’histoire

Depuis un certain nombre d’années, du fait de l’évolution de l’électronique, ce calage sur les fréquences du courant alternatif n’est plus nécessaire, ni même utilisé dans les appareils. Il n’y a plus de raison technique pour qu’il y ait ainsi de telles différences de standards de par le monde, avec toutes les difficultés de compatibilité que cela entraîne. La raison de la subsistance de ces standards différents est historique : à chaque fois que l’on fait évoluer les appareils de diffusion (téléviseurs), d’enregistrement (magnétoscopes) et de captation (caméras), il faut garder une compatibilité avec les équipements anciens. Les consommateurs ne doivent pas être obligés de changer leur équipement à chaque changement de technologie. Cela arrive régulièrement, mais le marché impose que cela arrive le moins souvent possible. C’est ce qu’on nomme la « compatibilité ascendante ».