La fémis (Université d’été) : Workshop pocket films

31 mai 2013. Publié par Benoît Labourdette.
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La fémis (école nationale supérieure des métiers de l’image et du son, Paris) propose chaque année son « université d’été », qui est un stage de réalisation de documentaire de deux mois, destiné à des étudiants du monde entier.

J’assure l’animation du début de l’université d’été. Je fais faire des films aux étudiants, dans une démarche très collective, avec des petites caméras, afin de les faire se rencontrer, et de les inscrire dans une ouverture à la créativité. Je les fais travailler en plan-séquence, afin que nous puissions visionner collectivement les films juste après leur réalisation, en parler, pour éventuellement les re-tourner, etc. Et surtout qu’il y ait une intensité de travail : lorsqu’on tourne en plan-séquence, on fait tout pendant le tournage, donc si on n’est pas pleinement présent à son projet et aux autres, il faut recommencer le film entier ! C’est donc très pédagogique.

C’est en fait un travail d’écriture : rencontrer le réel, par le tournage de films, pour éprouver ses projets de représentation du réel (documentaire) dans le cadre du concret de la fabrication. Faire sentir que les idées viennent dans l’action, dans la rencontre, dans l’improvisation parfois, et surtout dans une dimension collective.

Les quinze étudiants, cette année, venaient d’Algérie, d’Inde, d’Egypte, du Maroc, d’Iran, de Tunisie, d’Afghanistan, du Burundi, du Burkina Faso, du Chili, des Comores, de Russie, du Congo RDC.

Pendant ces 3 jours de travail, très intenses, mon exigence a été de leur demander de faire des films, qui, pour un certain nombre d’entre eux, seront diffusés (ce ne sont pas des exercices), ainsi que d’être, toujours, dans le projet généreux d’apporter quelque chose au spectateur, ce qui est à mon avis l’essence du cinéma :

  • J’ai commencé par les faire travailler sur un film collectif, fait à quinze, en plan-séquence, donc très complexe à mettre en place, qui force d’être pleinement à l’écoute des autres.
  • Puis je les ai rassemblés par petits groupes de trois, pour leur faire faire des films à partir de mots, dans le cadre de l’initiative Filmer les mots, avec une voix-off, afin, dans le plan-séquence, de mettre en pratique concrètement la séparation formelle entre image et son, et donc travailler immédiatement une mise en forme audio-visuelle.
  • Ensuite, pour le lendemain, je leur ai demandé de filmer par la fenêtre de chez eux, et de raconter un souvenir, dans le but non pas juste de raconter un souvenir, mais d’apporter une émotion, un sens, pour le spectateur, pas pour soi.
  • Puis je leur ai demandé, par petits groupes, de faire le portrait de quelqu’un qu’ils ne connaissaient pas avant : aller à la rencontre, proposer à quelqu’un de faire un film sur lui.
  • Je leur ai demandé, par petits groupes, de réaliser un film d’animation qui soit un documentaire sur un concept philosophique.
  • Je leur ai proposé, pour le lendemain, un travail individuel : faire l’interview d’un objet : ils filment l’objet, et font sa voix en voix-off. Un objet qui raconte sa vie d’objet. Un vrai documentaire, donc...
  • Et enfin, le dernier jour, je leur ai demandé de faire, par petits groupes, un documentaire sur une rue, en proposant, dans la rue, un dispositif de mise en scène qui allait faire se révéler, dans le réel, de vraies informations documentaires. C’était un peu l’aboutissement, de leur investissement physique, en tant qu’auteurs, dans le réel, pour produire une écriture réellement cinématographique, singulière, riche et unique.

Pendant ces trois jours de travail, ce sont 52 films qui ont été réalisés par les 15 étudiants, pour une durée totale de plus de 3h, dont certains vraiment saisissants. On constate que le regard personnel, singulier, sur le monde, vient souvent très vite, de façon brute. Il mérite d’être ensuite creusé, travaillé, mais il est très utile d’entrer rapidement dans l’action, afin d’avoir une matière sur laquelle travailler.

Nous avons organisé, c’est très important, une petite projection publique, le dernier jour, d’une sélection de films, afin que le workshop trouve sa finalité : apporter quelque chose à des spectateurs.

Portfolio

Ateliers de réalisation de films avec caméras de poche, que j’anime dans le cadre d’écoles d’art, de cinéma et autres centres de formation professionnelle (La fémis, Le Fresnoy, ESAV Toulouse, CEFPF, Institut Imagine Ouagadougou...). S’approprier des techniques de production très légères pour réaliser des films de niveau professionnel. Je travaille en mettant en avant la créativité, le faire, et une très grande exigence sur les contenus et méthodologies.

J’ai animé, depuis 2006, des dizaines de workshops « Pocket Films ». Seulement quelques exemples sont présentés ici.