Route de nuit

4 juin 2013. Publié par Benoît Labourdette.
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« Petit enfant, au fond du siège arrière de la voiture, le voyage et les lumières de la nuit ne sont pas très réels. La fatigue aidant, trois minutes de voyage dans la rue paraissent trois longues heures d’expériences contemplatives abstraites. »

La réalisation de ce film, et le dispositif narratif consistant à induire une situation dramatique uniquement dans le texte introductif, afin de laisser le film, et le spectateur, libres de tout après, m’invitent à quelques réflexions et propositions pour un cinéma « libéré ».

Réflexions sur un cinéma libéré

  • Quelle liberté a le cinéaste de s’écarter du canevas narratif ?
  • Quelle liberté a le spectateur de s’affranchir de ce même canevas narratif, pour passer à un état de contemplation, de réception purement sensoriel de l’objet esthétique qui lui est proposé ?
  • Comment peut-on se libérer, de part et d’autre, de ce carcan qui nous rassure, qui nous apporte jouissance immédiate, afin d’atteindre un autre niveau d’émotion, de perception ?
  • Le cinéma est un art total, qui peut rassembler tous les autres arts, et pas seulement le théâtre dramaturgique.

Propositions (non limitatives) pour un cinéma libéré

  • Travailler la courte durée, afin que le spectateur ne se sente pas prisonnier d’une forme trop dérangeante par rapport à ses habitudes.
  • Éventuellement induire, par un texte en en-tête du film, un fil narratif, qui produit une accroche narrative, dont la fonction est de permettre qu’elle serve de support à un film qui n’y fait pas de concession, comme la sous-couche supportant le travail du peintre.
  • Travailler le dispositif de diffusion et la contextualisation, afin de réunir les conditions de réception propices (cf. l’exigence de Stanley Kubrick de contrôler la qualité des salles de cinéma lors de la sortie de « 2001 L’odyssée de l’espace » en 1968).
  • Donc diffuser les films lors d’événements extra-ordinaires (qui sortent de l’ordinaire, donc seront annonciateurs de films du même ordre, alors que les films habituels - narratifs - sont diffusés dans des événements ordinaires (télévision, salle de cinéma, partage sur internet).
  • Par conséquent, ne pas hésiter à fabriquer des salles de cinéma atypiques, éphémères, adaptées aux films différents et invitant à les découvrir, donc permettant de les apprécier.
  • Ne pas faire de concessions à l’exigence formelle dans la fabrication du film, affirmer une différence pleine et entière d’avec les canons du commerce (qui, soit dit en passant, ont leur sens aussi, mais ne sauraient être le seul référent par rapport au cinéma).
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